A la mémoire d'un grand monsieur et d'un ami irremplaçable Christian Tessier Je n'aurais jamais pensé qu'au bout de quelques mois et au cours de la même année, j'aurais écrit deux mémoires en souvenir de grands amis disparus du monde du Chien Saint-Bernard, d'abord Peter Brieskorn et, à partir d'aujourd'hui malheureusement, aussi Christian Tessier. La triste nouvelle concernant Christian m'a été donnée il y a quelques heures, au téléphone, par le cher ami Didier Basset, président du Club Français et de l'Union Mondiale. Christian est parti tranquillement, avec discrétion et style, comme toute sa vie l'a été. Je le connaissais depuis 50 ans, mon frère et moi deux garçons, lui un jeune homme déjà mature et profondément passionné par notre race. L'éternel vice-président (comme il s'appelait lui-même en plaisantant), d'abord avec Mme Brault puis avec les présidents successifs du Club français (à qui il a fait don de sa précieuse activité d'une vie). Jusqu'à devenir président il y a des années et enfin président d'honneur. Mais ce que je voudrais mentionner ici, c'est son combat très ferme pour faire connaître, étudier et appliquer le Standard FCI de notre race bien-aimée. Une bataille sans merci, faite de bons positionnements lors des nombreuses conférences, congrès et éxpositions internationaux et mondiales FCI et WUSB au cours desquels d'abord avec mon père (dont il était un grand ami) puis avec moi-même (avec qui nous avons partagé grande affection) nous avons participé. Parvenant toujours, avec un effort intellectuel qui est le fruit d'une grande passion, à faire converger les disparités d'opinion plus que légitimes vers notre objectif commun: le STANDARD. Je me souviens de la dernière fois que je l'ai rencontré (avec sa douce épouse Marie) à l'occasion de la dernière exposition de l'Union mondiale ici à Bagnara di Romagna en septembre 2018. Il m'a demandé, ému, quel sentiment j'avais ressenti en serrant la main du Pape, il y a une semaine, entouré de nos chiens bien-aimés à Rome, Vatican.. Je me souviens que je lui ai dit; "Cher Christian, ma main, à ce moment-là, était la même main de tous les amoureux du Chien Saint Bernard, de près et de loin, vivant et non, c'était la main de mon père, la main de tous les grands savants, éleveurs et juges qui, avant nous, ont fait la grandeur de notre race, C'ÉTAIT AUSSI TA MAIN, CHER AMI D'UNE VIE, CHRISTIAN". Je me souviens très bien qu'en me regardant avec un sourire un peu triste alors qu'il montait dans la voiture pour regagner sa belle maison avec Marie, il me dit: "qui sait si nous nous reverrons encore, mon ami ". Malheureusement, ce n'était pas le cas, malheureusement la pandémie a annulé même ces petites satisfactions qui enrichissent nos vies, comme les mots et l'étreinte d'un ami. Je me souviens avoir parlé avec lui l'été dernier lorsque tu m'a demandé de t’envoyer des dessins de mon père (il les connaissait tous par cœur) dont il aurait besoin pour enrichir son commentaire sur le Standard FCI en français. Comme toutes les personnes à l'intelligence raffinée et à la culture profonde, il avait une projection constante vers l'avenir, il ne se sentait pas satisfait d'approfondir les nombreuses questions concernant notre Géant Alpin. Il considérait qu'il était absolument impardonnable que des chiens ne répondant pas aux normes morphologiques standardisées par la FCI puissent avoir accès aux rings des expositions canines de la FCI. Et je ne pouvais pas alors et je ne peux qu'être d'accord avec lui évidemment en ce moment. "Nous devons faire quelque chose immédiatement, en tant que clubs nationaux et en tant qu'Union mondiale", m'a-t-il dit, s'énervant comme dans les bons moments. Je me souviens encore des discussions interminables avec mon père sur les dents du chien Saint-Bernard, ce qui pouvait être toléré et ce qui ne le pouvait pas. Naturellement, après un débat animé (souvent suivi par d'autres juges spécialistes de leur temps) chacun d'eux, au moins sur ce point concernant les dents, est resté ferme sur son avis initial. Mais quelle gentillesse, quel respect, quelle éducation, quel STYLE dans ces débats auxquels moi aussi je participais déjà. A la mort de mon père, il y a de nombreuses années, Christian m'a dit : "Je vois en toi le reflet de l'intelligence de ton père mais, mon garçon, mettons tout de suite d'accord sur les dents que doit avoir le Chien Saint Bernard !!!" Maintenant que TU a quitté ta bien-aimée Marie, ma femme Dinora, mon frère Pier Luigi et moi aimerions être avec elle pour la soutenir dans cette épreuve difficile. Nous le faisons à travers ces lignes que nous diffuserons à travers le monde, je le ferai personnellement lorsque je consacrerai à TOI SEUL un chapitre entier de mon prochain livre sur la rasse. Maintenant certainement Tu serais quelque part Là-Haut et Tu aurais retrouvé mon père et, après avoir échangé un cin-cin avec un excellent verre de vin (dont Tu étais un fin connaisseur), vous aurez repris ensemble et pour toujours votre discussion sur les dents correctes du Chien de Saint Bernard.